23 décembre 2025

Les femmes et les hommes du Château La Garde : portrait de Pénélope Godefroy

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Directrice générale de Maison Dourthe depuis mai 2025, Pénélope Godefroy porte un regard sensible et exigeant sur le vin, nourri par un parcours entre sciences du vivant, rencontres et culture de la précision.

Vous avez débuté par des études de biologie. Qu’est-ce qui vous a menée vers le monde du vin ?

Mon intérêt pour le vivant a été le point de départ. Dans le vin, cette notion prend une dimension encore plus holistique : les sols, la vigne en tant que plante pérenne, le climat, les hommes… tout est lié. Et puis il y a la part culturelle et historique du vin, qui m’a toujours fascinée.

Je viens d’un environnement familial marqué par le respect de l’artisanat d’art, mon père était éditeur spécialisé dans les métiers d’autrefois et le compagnonnage. Cela m’a transmis une grande sensibilité au geste, au savoir-faire, à la rigueur.

Enfin, le vin réunit nature, culture et expression des sens. C’est un univers qui engage autant l’intellect que la sensibilité artistique et même spirituelle.

Y a-t-il eu une rencontre ou une expérience particulièrement marquante dans votre parcours ?

Oui, mon expérience chez Artémis Domaines, au Château Latour notamment. J’y ai découvert une véritable culture de la précision et du temps long.

Et puis mes rencontres en Bourgogne ont été déterminantes, notamment grâce à Pierre Masson, consultant en biodynamie. J’y ai côtoyé de grands vignerons reconnus dans cette approche. Ils m’ont transmis l’humilité, le goût de l’expérimentation, et la culture du doute, trois piliers essentiels pour progresser dans ce métier.

Qu’est-ce qui vous a séduite lorsque vous avez découvert le Château La Garde ?

La force de son terroir, d’abord. Le Château La Garde possède une mosaïque géologique remarquable : un vignoble d’un seul tenant qui réunit les sols emblématiques des deux rives bordelaises.

On y trouve un plateau calcaire et argilo-calcaire, idéal pour le merlot et le cabernet franc, ainsi qu’un plateau de graves profondes où le cabernet-sauvignon exprime toute sa complexité.

Et puis il y a le chai, conçu pour une parcellisation des vinifications très poussée, au service de la pureté.

Enfin, la dynamique Dourthe m’a immédiatement parlé : investir, structurer, viser haut.

Comment définiriez-vous aujourd’hui l’identité du vin de Château La Garde ?

Je parlerais d’une élégance graphique. Les vins se distinguent par leur verticalité, leur éclat, la finesse de leurs tannins.

Si vous deviez décrire la propriété en trois mots ?

Immersive. Harmonique. Sincère.

Comment faites-vous vivre ces valeurs au quotidien avec vos équipes ?

J’essaie d’abord de donner une vision claire : expliquer pourquoi on fait les choses.

Nous organisons des réunions transversales régulières, nous partageons les pratiques entre propriétés et nous valorisons la contribution de chacun.

Et surtout, nous faisons de l’expérimentation un état d’esprit commun, pas un risque. Le doute est une force lorsqu’il sert la précision.

Quel est votre moment préféré au Château La Garde ?

Tôt le matin, lorsque la brume se lève sur les graves et que la propriété est encore silencieuse. C’est un moment suspendu où l’on ressent pleinement la respiration du lieu.

Un souvenir qui vous a marquée depuis votre arrivée ?

Ma première dégustation d’assemblage à La Garde, sur le millésime 2024. Il y a eu un déclic immédiat sur l’ADN du lieu. Je me suis dit : voilà, c’est ici.